Le haïku, forme poétique qui nous vient du Japon, est d’abord la faculté d’appréhender le monde et de l’interpréter, quel qu’en soit son environnement.
Le haïku « urbain » propose une approche contemporaine. Les saisons y sont présentes à travers de nombreux indices, dont :
La chute des feuilles en automne :
une feuille
en avant-première
sur les planches
La faune :
une nuit dehors
la jeune pie retrouve
la gîte du sapin
L’habillement :
chaleur estivale –
les torses nus fleurissent
sur le macadam
Les périodes de fêtes :
marche du soir
vers le marché de Noël –
un cadeau
Mais la ville ce sont aussi ses traces :
serré dans ses bras
elle lui ôte son pantalon
vitrine en cours
Son bruit :
léger friselis
dans la rumeur des voitures
le bain du merle
Sans oublier l’armée des travailleurs de l’ombre (agents de la voierie, jardiniers, fontainiers…) qui concourt à la rendre belle :
le jardinier
tire sur le lierre
il tombe de haut
Ses lumières :
crépuscule –
la lune minuscule
sur le réverbère
Son fleuve :
sur la Seine
brisés par une péniche
mille éclats de verre
Ses ponts :
du koto à la flûte
un pont
Et bien d’autres choses encore… La nature restant présente en ville :
bruit de tasses –
un ramier renverse
le reste du café
Tout peut être dans la ville source d’inspiration, alibi d’écriture. Un parcours urbain tout à fait courtois. Kigo or not kigo, là n’est pas la question.
Copyright auteurs, 2008